Les corps de cadets, futurs défenseurs de la Russie © RIA Novosti. Dmitri Vinogradov15:45 25/02/2013Par Dmitri Vinogradov, RIA Novosti Ces dernières années, les corps de cadets sont en plein boum en Russie: le gouvernement semble avoir vraiment pris soin de l'éducation de la future élite militaire et administrative. Le correspondant spécial de RIA Novosti s'est entretenu avec les élèves de lycées militaires, pour savoir comment ils voyaient leur avenir. Il existe à Moscou des corps de cadets pour tous les goûts: des écoles spéciales où les enfants viennent étudier tous les jours; des internats de cadets où les enfants vivent 24 heures sur 24 et sont en contact permanent avec les instructeurs; des corps de cadet cosaques, diplomatiques et même musicaux. Enfin, il existe même une école de navigation navale - ce n'est pas pour rien qu'on appelle Moscou "port des cinq mers". Ioura Tcherepanov, 12 ans, membre du Corps de cadets à la mémoire des héros de la bataille de Stalingrad: "Ma vie est plus intéressante que celle de mes amis". J'ai voulu étudier dans un corps de cadets de mon plein gré. Mon arrière grand-père a connu la Grande guerre patriotique, il a fini colonel et a vécu jusqu'à l'âge de 91 ans. Il était fantassin et combattait quelque part près de Smolensk. Je ne veux pas ternir la mémoire de mon arrière grand-père. Mes parents disaient, au début, que ce serait très difficile – "tu ne tiendras pas une semaine là bas". Avant, je n'étais pas très discipliné et c'était vraiment difficile au début: le corps se trouve à une heure et demie de bus. Ensuite, je me suis habitué. Les exigences disciplinaires sont très strictes: il faut obéir aux chefs et aux adultes. Se tenir à carreau. Etre un exemple pour les autres. J'ai intégré le corps après le CM1. Je communique avec mes anciens camarades de classe par internet mais j'essaie de leur rendre visite assez souvent. Ce sont des amis d'enfance, on se connaît depuis longtemps. Je pense seulement que leur vie est plus ennuyeuse. Ils sont assis en classe en permanence et ne font pas grand-chose. Alors que nous voyageons partout. C'est plus intéressant. Par exemple, on est allé à Borodino et dans d'autres musées. J'ai beaucoup aimé le musée Timiriazev, où l’on nous a parlé des plantes. Le musée de l'astronautique était également intéressant. Bientôt, nous irons à Volgograd. Mes amis me demandent pourquoi j'ai intégré le corps de cadets. C'était ma décision. Pourquoi rester sur place? Il faut avancer. Regarder vers l'avenir. Tandis qu'ils sont assis en classe et ne savent pas vraiment ce qu'ils veulent faire plus tard, je connais déjà mon avenir: je serai militaire. Après le corps, je souhaite intégrer les forces du ministère de l'Intérieur, l'unité d'élite Vitiaz. C'est difficile car la sélection est très stricte. Il faut avoir une très bonne condition physique. Tu dois être fort dans ton esprit et avoir beaucoup de volonté. Aujourd'hui mes parents ont reconnu que j'avais trouvé ma place. Tania Politika, 11 ans, membre du Corps de cadets à la mémoire des héros de la bataille de Stalingrad: "Au début, j'avais du mal à remonter le fusil". © RIA Novosti. Dmitri Vinogradov Tania Politika J’ai intégré le corps de cadets en CM2 – c’était une idée de ma mère. Elle m'avait demandé et je savais qu'il avait des excursions et des théâtres. Des récompenses et des médailles. J'ai accepté. Maman m'avait promis des cadeaux si je me tenais bien. Mon arrière grand-père Fedor Politika a fait la guerre, il était colonel, il avait participé à la prise du Reichstag mais il a été tué. J'ai récemment remporté le concours de remontage de l'AK-47. On avait 35 secondes pour le faire. Nous apprenons cette manipulation pendant le cours de "Principes de base du service militaire" et de "Principes de sécurité". Certains ont du mal à remonter le fusil – je n'y arrivais pas au début. Mais aujourd'hui j'ai remporté un prix – un serpent. Parce que c'est l'année du Serpent. Ma mère est contente aussi – elle m'a offert un nouveau portable et un ordinateur pour mes bonnes notes. J'ai besoin d'un ordinateur pour lire les travaux et les projets scientifiques car j'aime la physique. Après le corps de cadets, on peut intégrer le ministère des Situations d'urgence, devenir médecin ou faire une carrière militaire. Je préfère surtout le ministère des Situations d'urgence et le service militaire. Surtout l'armée de terre - je voudrais devenir officier. Colonel et toujours plus haut, plus haut et encore plus haut. Valeri Tolotchko, 14 ans, membre du Corps de cadets cosaque de Moscou: "Nous sommes orthodoxes". J'étudie ici depuis deux ans. Je suis en 4ème aujourd'hui. En fait, le recrutement commence à partir du CM2 mais à l'époque je vivais en Biélorussie, où il n'y a pas de corps de cadets. Ce corps m'a plu - j'ai regardé sur internet, trouvé des informations et décidé de l'intégrer. Plus on arrive tard et plus le concours est difficile: nous étions mille personnes pour une place. Pourquoi le corps cosaque? J'ai beaucoup de connaissances cosaques, du côté de mes parents aussi. J'ai choisi le corps de cadets pour être plus éduqué et militarisé. Mes parents n'avaient rien contre même si je vis à 20 km du périphérique MKAD, dans un lotissement. Il faut se lever à cinq heures du matin. Je me couche à neuf heures. Le corps de cadets cosaque est différent des autres car on a des cours facultatifs cosaques. On apprend l'histoire cosaque et comme nous sommes orthodoxes, on participe aux discussions avec le patriarche et les prêtres. Nous nous rendons aux Cercles cosaques (organisme administratif indépendant). A 14 ans, à la demande des parents, on peut intégrer l'Union des cosaques de Russie ou le Corps cosaque central. Je voulais rejoindre la faculté de médecine d'une école militaire mais j'ai récemment changé d'avis et je souhaite intégrer la faculté d'écologie de l'Université Lomonossov de Moscou. Certes, cela n'a pas de rapport avec l'armée mais la discipline ne me fera pas de mal. Il y a de grands problèmes écologiques en Russie - c'est la raison de mon choix. Daniil Chestakov, 14 ans, membre du Corps de cadets cosaque de Moscou: "Ma sœur est aussi intéressée par la vie de cadet". © RIA Novosti. Dmitri Vinogradov Daniil Chestakov Je suis arrivé ici après le CM1. Il y avait beaucoup de choses intéressantes. Je suis devenu très ami avec les autres enfants de la compagnie et les officiers. Je n'imagine plus ma vie en dehors du corps. Ma mère me parlait de ce corps depuis l'enfance – l'un de ses amis est passé par ici et j'en rêvais aussi. Dans la famille de ma mère, il y avait des cosaques du Don et c’est pourquoi je voulais rejoindre cette école. Le concours était difficile: 160 personnes pour une place. J'ai passé tous les tests, les épreuves de sport, les maths, le russe et l'entretien avec le psychologue. Je voudrais intégrer l'Académie du FSO (Service fédéral de protection) ou du ministère de l'Intérieur. Il est difficile de faire un choix de spécialité à mon âge. Pour l'instant, j'hésite à lier ma vie à l'armée. J'ouvrirai peut-être mon entreprise ou j'irai exercer quelque part dans la science. Mais l'armée m'attire aussi. J'aime beaucoup nos cours à cheval et être utile pour l'Etat, servir la Patrie – c'est honorable. Je ne sais pas s'ils sont bien payés, je ne suis pas encore militaire après tout. Daniil Chestakov, sa sœur Alevtina et leurs amis Ma sœur Alevtina, 15 ans, étudie à la Pension de l'école-internat n°9. Elle s'est également intéressée à la vie de cadet quand j'ai intégré le corps. La Pension se trouve dans la même rue et on organise des bals et d'autres activités communes avec son école. Notre école est réservée aux garçons, son internat – aux filles. Nastia Joutchkova, 14 ans. Membre du Corps de cadets musical de Moscou: "Je ne veux pas chercher des espions - je veux en être un". J'ai moi-même voulu venir ici et mes parents ont accepté. J'ai même changé d'avis ensuite mais j'y suis allée quand même et je ne regrette pas aujourd'hui. Je voulais entrer dans quelque chose de militaire après avoir vu le film Cadets. Mon père et mon parrain sont des officiers du contre-espionnage - ils ne sont plus d'active. J'aime l'uniforme, la discipline. C'est une bonne chose, bien meilleure que dans les écoles classiques. J'aime aussi la musique car j'ai étudié dans une école musicale. Pour cette raison, je n'ai pas choisi un corps traditionnel mais musical. Dans les autres corps ce n'est pas aussi intéressant. La première partie de la journée, nous avons des cours classiques et la seconde alterne entre cours de chant, de solfège, de littérature musicale ou encore d’orchestre: on apprend tout. Nous avons des cours de "Principes de base du service militaire"- on apprend le tir, les grades, le biathlon, le démontage et remontage du fusil. Cet été, nous irons dans le camp militaire Patriot. Nastia Joutchkova Nous avons un orchestre de filles et au printemps nous décollerons vers l’Italie pour le festival des orchestres militaires du monde entier. Nos garçons ont déjà été en Espagne, en Chine et en Italie plusieurs fois. Nous avons 13 œuvres, tristes et joyeuses. Par exemple Kalinka. De mon côté j’assure les parties de flûte. Après le corps de cadets, on ne servira pas forcément dans un orchestre militaire. C'est simplement une bonne opportunité pour recevoir un diplôme scolaire militaire et musical. Plus tard, je veux entrer à l'Académie du FSB en faculté de contre-espionnage. J'aime enquêter et chercher. Je veux être espion, servir en Allemagne. Comme Stierlitz. Je ne veux pas chercher des espions, je veux en être un. Si j'y arrive. Actuellement, j'apprends l'anglais et je voudrais apprendre l'allemand. Sergueï Soloviev, 15 ans, Ecole de navigation navale de Moscou: "J'ai voulu perpétuer la tradition familiale". Je suis venu ici de mon plein gré. J'ai voulu perpétuer la tradition familiale – mon arrière grand-père et mon grand-père ont servi dans la flotte de la Baltique. Mon père n'est pas un marin mais mes parents ont accepté parce que dans mon ancienne école, j'étais loin d'être brillant. Ils ont décidé que la discipline me ferait du bien. Je me plais ici. On apprend plus, sans oublier la discipline. Les études ne sont pas très difficiles. Ou plutôt celui qui n'apprend pas a du mal, tandis que c'est facile pour celui qui apprend. Il arrive que certains soient exclus mais c'est rare. Je vis dans la région de Moscou, ce qui fait une grande distance. Pour cette raison, je dors à l'internant dans des chambres de 7-8 personnes. C'est mieux que dans une école secondaire classique. Plus prestigieux. Et il sera toujours plus facile d'intégrer le FSO, le FSB, la Direction générale des renseignements (GRU) ou le ministère des Situations d'urgence. Je n'ai pas encore choisi. Il faut d'abord obtenir un certain nombre de points à l'examen d'Etat unifié. Nous avons de très bons enseignants et cela ne devrait pas poser problème. Et il y aura un examen sur la navigation, les Principes de base de la préparation maritime – les métiers navals, la navigation, la structure d'un navire et les moteurs. Un examen pour chaque matière avec une moyenne générale à la clé. Avec une notation sur 5. J'apprécie surtout les exercices pratiques d'été qui se déroulent à Sébastopol. Je pense que je vais finalement rejoindre la marine. 15:45 25/02/2013 Ces dernières années, les corps de cadets sont en plein boum en Russie: le gouvernement semble avoir vraiment pris soin de l'éducation de la future élite militaire et administrative. Le correspondant spécial de RIA Novosti s'est entretenu avec les élèves de lycées militaires, pour savoir comment ils voyaient leur avenir.

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